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La geste de Mortelame

Mon premier essai en fantasy. Il s’agit d’une saga sur deux ou trois volumes. Je suis dans l’écriture du premier tome.

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Le roman est une épopée de dark fantasy, qui fait la part belle aux individus et à leurs ambivalences. Je m’attache à écrire des personnages complexes, dénués du manichéisme que l’on retrouve parfois dans ce genre littéraire. L’intrigue est faite de rancunes, d’envies, de colères, de convoitises, mais aussi d’amour, de respect et d’idéaux.

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Le monde est sombre, décadent, enfermé dans un isolationnisme délétère.

De quoi ça parle ?

L'histoire suit la vie d'Urgond, second fils du comte d'Alenrac et grand maître de l'ordre ésotérique des chevaliers de Mortelame. Une vie faite de blessures, d'erreurs, de moments de bravoure et de lâcheté, d'inspiration et de désespoir. Une vie de celles qui bouleversent l'ordre établi et changent à elles seules l'histoire du monde.

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Morceau choisi

La geste de Mortelame - Tome 1 - Prologue.

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Survivre.

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     Ce mot raisonnait comme le carillon du glas dans l’esprit d’Urgond. Survivre. Il devait tenir bon. Malgré la douleur. Malgré le sang qui inondait sa bouche. Le goût du fer. Au loin les clameurs de la bataille. Son de rage, de douleur et des hennissements des chevaux à l’agonie. L’odeur aussi. Le parfum écœurant mêlant la sueur au sang, la rosée à la pourriture. Survivre. Plus rien d’autre n’avait d’importance pour le baron de Mortelame.

Une flèche acérée l’avait frappé en pleine poitrine, le faisant démonter lourdement de son destrier écumant au cœur de la bataille. La boue, piétinée sans relâche par les combattants, avait accueilli sa carcasse, avait enveloppé son corps comme un linceul. Il avait perdu connaissance.

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     À présent, il entrouvrait les yeux dans un état de confusion. Il ne se tenait pas debout et pourtant il avançait au cœur d’une forêt d’arbres maigres. Quelqu’un le traînait. Il pouvait sentir la pression d’une poigne ferme sous ses aisselles. Quelqu’un tentait de l’arracher, dans une course désespérée, à la mort qu’il avait acceptée comme certaine au moment où la pointe métallique du trait avait transpercé sa chair. Mort, il ne l’était pas encore et un providentiel allié semblait s’entêter à ce que cela reste ainsi.

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     Au loin, à travers les troncs décharnés des arbres gris, à travers les fougères nimbées de rosée et la brume s’élevant du sol tourbier, Urgond apercevait les silhouettes gesticulantes de quelques poursuivants vociférants. De ça et là, le sifflement de flèches tirées en leur direction se faisait entendre pour finir en silence dans la végétation environnante. Des sbires du duc de Roeszen étaient lancés à leur poursuite, avides du prestige que leur apporterait sa tête en présent à leur seigneur.

Urgond entendait le souffle de l’homme providentiel, qui tentait de le faire échapper à son sombre destin, devenir de plus en plus rauque et haletant. L’homme s’épuisait à tirer ce corps inerte. Les hommes du duc s’approchaient maintenant dangereusement. La curée ne tarderait plus à présent. Urgond aurait aimé se dresser sur ses jambes pour occire ces mécréants comme un véritable chevalier de Mortcastel, mais ses forces l’avaient quitté avec le sang perdu. Par réflexe, il porta une main molle au pommeau de son épée, mais le fourreau était vide. Urgond comprit qu’il ne pourrait pas mourir comme il l’aurait souhaité, armes en main. Il mourrait comme un pourceau, égorgé dans la boue.

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     Tout à coup, l’homme le lâcha. La tête d’Urgond s’affaissa sur un tapis de feuilles mortes à l’humidité glacée. Il entendit le bruit d’une lame que l’on dégaine. Son sauveur l’enjamba. Il reconnut les couleurs du tabard qui flottait sur son armure. Rouge et noir. Un de ses hommes. Loyal et farouche. Urgond pencha la tête sur le côté, au prix d’un immense effort, avant de suivre du regard cet homme. Le chevalier se dressait devant les soudards à leur poursuite. À présent, ils l’entouraient comme des charognards. Il était seul contre six chiens affamés. L’espoir n’était plus permis. Urgond ferma les yeux, jaloux de la mort qu’allait recevoir son chevalier et dont il serait privé. Sa conscience s’effondra dans un noir abyme alors qu’il percevait les cris de rage et des lames d’acier s’entrechoquant. Avant qu’il ne sombre, une dernière pensée lui vint.

 

Survivre.

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